Chronique de la semaine 48 du 24 au 30 novembre 2025 (RSE, durabilité et VSME)

Contexte général : un hiver réglementaire et moral avant l'action. L'année 2025 marque un tournant pour la responsabilité des entreprises : le cadre réglementaire se durcit, avec des attentes plus fortes sur la transparence extra-financière, la gouvernance ESG, la double matérialité, etc.

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Contexte général : un hiver réglementaire et moral avant l'action

L'année 2025 marque un tournant pour la responsabilité des entreprises : le cadre réglementaire se durcit, avec des attentes plus fortes sur la transparence extra-financière, la gouvernance ESG, la double matérialité, etc.

Mais paradoxalement, cette semaine (et plus largement en novembre) l'Europe traverse un moment de tension : le projet de réforme en cours autour de la CSRD (et de la CS3D / « devoir de vigilance ») a vu ses ambitions revues à la baisse, ce qui inquiète certains experts et ONG — un recul réglementaire que certains perçoivent comme une capitulation face aux lobbies.

Autrement dit : la période exige des entreprises qu'elles choisissent — ou non — d'embrasser la durabilité pour ce qu'elle est, pas seulement pour ce que la loi impose. Ce contexte rend les engagements volontaires plus précieux et plus révélateurs.

Un phare dans la tempête : la European Sustainability Week 2025

Du 25 au 27 novembre 2025, s'est tenue la European Sustainability Week (ESW) — un rendez-vous européen réunissant plus de 500 experts, entreprises, organisations engagées.

Malgré le "vent contraire" politique — c'est-à-dire le recul réglementaire — l'événement a envoyé un signal fort : de nombreuses entreprises ont choisi de réaffirmer publiquement leur engagement en faveur de la durabilité.

Cette posture apparaît comme un acte volontaire, voire courageux : plutôt que d'attendre la contrainte, ces acteurs embrassent la transition, renforcent leur crédibilité et se positionnent comme des "gardiennes de confiance" vis-à-vis de leurs parties prenantes.

C'est, à mes yeux, l'un des marqueurs majeurs de la semaine : un rappel que la RSE — quand elle est authentique — peut devenir un levier de sens, de différenciation et de résilience dans un monde en tension.

Tensions dans le chemin : fragilité du cadre réglementaire européen

Mais tout n'est pas rose. L'actualité de la semaine révèle aussi des fragilités dans l'édifice normatif :

L'Europe a revu — pour partie — à la baisse certains seuils d'application de la CSRD/CS3D, ce qui pourrait exclure un nombre substantiel d'entreprises jusqu'ici concernées.

Pour de nombreux analystes, ce recul signifie un affaiblissement de la dynamique de transparence et de responsabilité sociétale portée depuis des années.

Or, sans contrainte forte, sans attentes explicites des parties prenantes, il existe un risque que la "durabilité" redevienne une option, un luxe — ou pire, un vernis — plutôt qu'un engagement durable.

Tendances à retenir pour les entreprises et PME (ou VSME)

À la lumière de cette semaine, quelques tendances se détachent — utiles pour quiconque réfléchit à la RSE d'entreprise, à la stratégie durable, ou à un engagement de long terme :

RSE comme stratégie et non comme alibi

La période actuelle exige des engagements concrets, mesurables — que ce soit en réduction d'impact carbone, en gouvernance responsable, en engagement social. Les acteurs sérieux le comprennent : la RSE n'est plus facultative mais essentielle.

Volontariat éclairé plutôt que conformité poussée

Dans un contexte réglementaire incertain, les entreprises ayant déjà adopté une démarche volontaire (comme celles ayant participé à l'ESW) se positionnent comme des repères, des phares — loin du simple respect contraint.

Transparence et double matérialité comme boussole

Même si les seuils légaux bougent, le principe de double matérialité — comprendre ce que l'entreprise subit et ce qu'elle génère — reste un repère moral et stratégique pour celles qui visent la durabilité pérenne.

Sens + crédibilité = avantage concurrentiel

Dans un monde où les consommateurs, les investisseurs et les collaborateurs sont de plus en plus sensibilisés, l'engagement authentique devient un capital immatériel — source de confiance, d'attractivité, de fidélité.

Mon humble souhait-espoir : que les VSME (et vous-même, dans votre rôle d'expert-comptable / conseil) saisissent ces signaux

La semaine 48 n'a rien de spectaculaire à l'échelle d'un scoop, mais c'est comme une marée lente qui remodèle le littoral de l'économie : un glissement d'attentes, une redéfinition des repères, un appel — peut-être discret — à davantage de cohérence et d'audace.

Si vous accompagnez des PME ou des structures en quête de sens, c'est le moment d'oser : proposer un reporting responsable, engager des actions mesurables, travailler sur la gouvernance, impliquer les parties prenantes. La RSE ne doit pas être un "poste à cocher" dans un rapport annuel, mais une force vivante, capable d'insuffler une vision durable, humaine, stratégique.

Marc-Olivier Caffier

www.MO3C.fr

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