Chronique de la semaine 44 du 27 octobre au 2 novembre 2025 (RSE, durabilité et VSME) : Entre relance et vigilance

Les équilibristes de la transition. L'automne s'installe, et avec lui un vent d'incertitude. Les annonces sur les premiers ajustements du cadre CSRD agitent les cercles économiques : simplifier sans renoncer, tel est le mot d'ordre.

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Les équilibristes de la transition

L'automne s'installe, et avec lui un vent d'incertitude. Les annonces sur les premiers ajustements du cadre CSRD agitent les cercles économiques : simplifier sans renoncer, tel est le mot d'ordre. Mais derrière les discours d'allègement administratif, beaucoup redoutent un retour en arrière masqué. La transition ne saurait être une parenthèse : elle exige constance et cohérence, deux vertus que la conjoncture met à rude épreuve. Les entreprises, elles, poursuivent leur apprentissage. Les plus petites peinent encore à formaliser leur "matérialité", tandis que les plus grandes découvrent que la mesure des impacts sociaux est un art subtil, plus proche du récit que du tableau Excel. La RSE se transforme peu à peu en miroir : elle renvoie à chacun la question du sens de son action.

La tentation du court terme

Sur les marchés, le souffle de prudence se mue en frilosité. Certains dirigeants plaident pour "mettre entre parenthèses" les investissements RSE, au nom d'une rentabilité menacée. Pourtant, les analyses convergent : les entreprises ayant intégré la durabilité dans leur modèle de décision résistent mieux aux chocs conjoncturels. Les économistes rappellent que la résilience n'est pas une ligne budgétaire, mais une culture.

Le discours change, doucement. On ne parle plus seulement de conformité, mais de confiance. Et dans les conseils d'administration, une nouvelle grammaire s'impose : celle du risque extra-financier, du dialogue avec les parties prenantes, du "temps long" réhabilité.

Les signaux des territoires

Partout, les initiatives locales se multiplient. À Nantes, un collectif d'entreprises a lancé un programme de mécénat de compétence dédié aux projets de transition énergétique des communes rurales. À Lyon, un incubateur consacre un cycle entier à la transformation durable des PME industrielles. Et dans les Hauts-de-France, des associations expérimentent des "contrats climat" entre entreprises et collectivités, où les engagements sont mutuels et mesurables. Ces démarches, souvent discrètes, esquissent une nouvelle forme de gouvernance : horizontale, pragmatique, confiante dans la force du lien plutôt que dans la verticalité de la règle. Là se joue sans doute l'avenir de la transition — non pas dans la proclamation, mais dans l'alliance.

Le murmure du réel

La "fatigue de la transition" n'a pas disparu, mais elle change de visage. Moins d'exaspération, davantage de désarroi : que faire, concrètement, quand tout change et que rien ne semble suffire ? Les experts-comptables, devenus passeurs de cette complexité, racontent un terrain composite : ici, l'énergie d'un dirigeant qui réinvente son modèle ; là, le doute d'un autre qui s'interroge sur la finalité de sa démarche.

Dans cette polyphonie, un fil commun : la recherche d'équilibre. Entre ambition et réalisme, entre idéal et viabilité. Le cœur de la RSE bat là, dans ce mouvement d'ajustement permanent.

La lente clarté

La semaine se clôt sur une note apaisée. Dans les débats, la RSE cesse d'être un mot-valise pour redevenir un espace de dialogue. Les acteurs de la durabilité savent désormais que la route sera longue, mais que la direction reste juste. Derrière la technicité des textes, une conviction s'ancre : il n'y aura pas de prospérité sans mesure, pas d'économie pérenne sans éthique. Et tandis que les feuilles tombent, un mot revient comme un souffle : persévérance. Celle des femmes et des hommes qui, sans bruit, bâtissent une économie capable d'habiter le monde sans l'épuiser.

Marc-Olivier Caffier www.mo3c.fr

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