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Chronique de la semaine 38 (du 15 au 21 septembre)

21/09/2025 — MO3C

Il est des semaines où l'actualité ressemble à un miroir tendu aux entreprises : elles s'y regardent et découvrent que la durabilité n'est plus une option cosmétique, mais une condition d'existence. La semaine 38 en est l'illustration parfaite. Entre ajustements réglementaires venus de Bruxelles, premiers retours d'expérience sur le reporting ESRS et mobilisation citoyenne autour de la Semaine européenne du développement durable, le message est clair : la RSE n'est plus un supplément d'âme, mais une colonne vertébrale.

Analyse

L'Europe resserre son cadre

Avec le paquet « Omnibus », l'Union européenne cherche à simplifier l'application des textes structurants — CSRD, taxonomie, CS3D. Moins de complexité, des seuils clarifiés, une meilleure cohérence entre dispositifs : sur le papier, un progrès. Mais simplification ne doit pas rimer avec affaiblissement. Le risque, à force de vouloir ménager les entreprises, serait de vider les textes de leur substance.

Les entreprises face à l'épreuve du concret

Le Baromètre RSE 2025 de Forvis Mazars, publié le 16 septembre, le rappelle avec force : passer des intentions aux actes reste un exercice à géométrie variable. Certaines entreprises s'emparent des normes ESRS comme d'un outil de transformation, d'autres peinent à dépasser le déclaratif. C'est la différence entre la communication et la stratégie, entre l'effet d'annonce et l'ancrage réel.

VSME : une valeur qui s'impose

Au-delà des normes, un mouvement se dessine : la valeur sociétale et managériale des entreprises (VSME) s'impose comme un indicateur de crédibilité. Transparence dans les rapports, implication des salariés, prise en compte des droits humains et du climat dans la gouvernance… Ce qui pouvait passer hier pour une démarche « optionnelle » devient désormais une condition de confiance, que ce soit vis-à-vis des marchés, des investisseurs ou de la société civile.

Les défis de fond

Trois tensions traversent cette dynamique :

  • la tentation de simplifier sans compromettre l'ambition ;
  • la nécessité de donner aux PME les moyens d'agir sans les étouffer ;
  • l'harmonisation européenne confrontée à la diversité des réalités locales.

Ces tensions, si elles ne sont pas traitées, pourraient freiner la crédibilité d'un cadre qui se veut exemplaire.

Exemple de réalisation : TextileAzur

Pourtant, certaines entreprises montrent déjà qu'une autre voie est possible.

Prenons TextileAzur, PME fictive mais inspirée de pratiques réelles, fabricant de vêtements outdoor en PACA. En un an, elle a engagé une véritable mutation :

  • Bilan carbone et audit social approfondis.
  • Passage aux tissus recyclés, réduction des teintures chimiques, emballages repensés.
  • Rapport de durabilité volontaire aligné sur les normes ESRS.
  • Alignement partiel avec la taxonomie européenne, avec suivi précis des investissements verts.
  • Implication active des salariés via formations, groupes de travail et incitations à la mobilité douce.

Résultat : –20 % d'émissions, –30 % de déchets, un climat social renforcé et une attractivité accrue auprès des clients comme des investisseurs.

Ouverture

La leçon de cette semaine est limpide : la durabilité n'est plus une case à cocher, mais une culture d'entreprise. Les réglementations donnent le cadre, les baromètres révèlent les écarts, et les initiatives comme celle de TextileAzur montrent que la transformation est possible.

Reste une interrogation centrale : l'Europe saura-t-elle maintenir l'exigence de son ambition tout en rendant la transition accessible à toutes les entreprises, petites et grandes ? Car au-delà des textes, c'est dans la capacité collective à conjuguer rigueur et pragmatisme que se jouera la crédibilité du projet durable.

Marc-Olivier Caffier
www.mo3c.fr

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