Chronique de la semaine – RSE et durabilité (29 septembre 2025 au 5 octobre)
Cette semaine, une impression de "grand ménage d'automne" souffle sur la durabilité européenne : on simplifie, on clarifie, on rééchelonne… sans (trop) toucher aux exigences de fond. Deux signaux forts au calendrier : la prise de position de l'Autorité des normes comptables (ANC) sur la simplification des ESRS, et une actualité toujours chaude sur la taxonomie (après les arrêts de la CJUE de septembre). Pendant ce temps, côté entreprises, la finance durable continue de se structurer — preuve par l'exemple avec l'émission verte de Séché Environnement le 2 octobre.
Analyse :
1) ESRS & CSRD : simplifier sans détricoter
Le 2 octobre, l'ANC a publié sa réponse à la consultation de l'EFRAG sur l'« Omnibus » de simplification des ESRS. Message clé : oui à l'allègement et à la lisibilité, mais pas de renoncement sur les informations vraiment décisionnelles pour les parties prenantes. Pour les équipes RSE/finance, cela signifie des reportings un peu moins touffus, mais tout aussi auditables — utile pour la VSME, car une information plus "actionnable" améliore la gouvernance et la prise de décision managériale.
En parallèle, le grand mouvement de simplification lancé par la Commission ("Simplification Omnibus") avance : réduction du périmètre de la CSRD envisagée pour les plus petites structures, rééchelonnements et allègements ciblés, dans une logique de compétitivité. Attention toutefois : ces propositions doivent encore franchir les étapes législatives usuelles.
2) Taxonomie : cap sur la clarté d'application
Côté taxonomie, la Commission a adopté le 4 juillet un paquet de simplification qui continue d'irriguer la pratique des entreprises cet automne (critères plus lisibles, obligations de preuve rationalisées). Dans le même temps, le front juridico-politique reste actif : la CJUE a rejeté en septembre le recours autrichien contre l'inclusion du nucléaire et du gaz, consolidant le cadre tel qu'il est — un élément de stabilité pour les plans d'investissement (et donc pour la VSME, via une visibilité stratégique accrue).
3) VSME : valeur managériale = données utiles, coûts maîtrisés
Entre simplification des normes et jurisprudence stabilisatrice, le message aux directions est clair : la valeur se crée quand les équipes consacrent moins d'énergie à "faire de la conformité" et davantage à piloter les risques/opportunités (double matérialité, trajectoires net-zéro, CAPEX verts). Cela nourrit la VSME par trois canaux : qualité de décision, engagement des collaborateurs (objectifs lisibles), et accès au capital (meilleure crédibilité extra-financière). Les récentes études confirment d'ailleurs le bon positionnement RSE des entreprises françaises (progression sur les scores moyens), atout concret dans le dialogue investisseurs-clients.
Exemple de réalisation (semaine 40)
Séché Environnement — hybride vert du 2 octobre
L'entreprise a bouclé sa première émission d'obligations hybrides vertes le 2 octobre. Intérêt managérial : c'est un instrument modulable qui finance des projets éligibles (déchets, dépollution, valorisation), tout en diversifiant la structure de capital. Intérêt sociétal : accélérer des investissements alignés avec la transition (et demain, potentiellement avec le standard EuGB lorsque pertinent). Pour les équipes RSE/finance, c'est un cas d'école :
- Aligner la documentation d'allocation des fonds sur les critères de la taxonomie ;
- Organiser un reporting d'impact clair (avant/après) ;
- Articuler cette finance verte avec la trajectoire ESRS (E1, E2, E5) pour éviter les silos entre finance et durabilité.
Pour conclure
À trois semaines des prochaines échéances réglementaires d'automne, la boussole est lisible : faire moins, mais mieux. Pour la semaine qui vient, trois chantiers pragmatiques à lancer côté directions RSE/Finance :
- Repasser votre matrice de double matérialité à la lumière des propositions EFRAG (quelles disclosures restent vraiment déterminantes ?).
- Cartographier vos CAPEX/OPEX taxonomie avec le nouveau paquet de simplification (tests techniques + preuves).
- Préparer une "note investisseurs durabilité" : 2 pages, KPIs phares, gouvernance, trajectoires — pour convertir la qualité de vos données en avantage concurrentiel (VSME).
Marc-Olivier Caffier